Mouvements nationalistes en Europe : les raisons de leur pèlerinage en Israël...

Publié le par Nouvelle Droite Populaire section de Forbach

Mouvements nationalistes en Europe : les raisons de leur pèlerinage en Israël...

2979.jpgArticle de Robert Spieler publié dans Rivarol

(n°2979 - 17 décembre 2010)

 

La récente visite en Israël d’une délégation de représentants de mouvements nationalistes européens nous donne l’opportunité d’analyser la situation de ces mouvements dans leurs pays respectifs et leurs motivations à entreprendre une telle démarche. Cette délégation fut reçue à la Knesset, déposa une gerbe au mur des Lamentations, se rendit sur la frontière séparant Israël des territoires palestiniens, visita une escadrille de chasse et fut reçue par diverses personnalités, dont le ministre du Likoud Ayoob Kara et le rabbin Nissim Zeev, député du mouvement extrémiste Shas, tous partisans du Grand Israël et refusant l’évacuation des colonies de Cisjordanie. Le rabbin Nissim Zeev est connu pour ses positions modérées quant à l’homosexualité puisqu’il propose, ni plus, ni moins, de traiter les homosexuels comme des drogués en les enfermant dans des centres de soin et de réhabilitation…

 

La délégation, composée notamment de Filip Dewinter (Vlaams Belang), Heinz-Christian Strache, président du Fpöe autrichien et Andreas Moelzer, député européen Fpöe, René Stadtkewitz et Patrick Brinkmann (Allemagne), publia une « Déclaration de Jérusalem » où l’on peut lire ceci : « Nous avons vaincu les systèmes totalitaires comme le fascisme, le national-socialisme et le communisme. Maintenant nous nous trouvons devant une nouvelle menace, celle du fondamentalisme islamique, et nous prendrons part au combat mondial des défenseurs de la démocratie et des droits de l’homme ». Ce voyage fut suivi de près et relayé par le site allemand très islamophobe et pro-israélien PI (Politically Incorrect) qui s’empressa de diffuser les vidéos mettant en valeur Strache et Moelzer portant la kippa ou les déclarations très favorables à Israël, formulées par les différents participants. J’y reviendrai dans la conclusion, mais examinons l’environnement des différents mouvements ayant participé à ce voyage, et tout particulièrement celui de l’Allemagne, riche d’enseignements.

 

L’Allemagne ou la dictature du politiquement correct.

 

Si une récente étude a placé la France en queue des pays européens pour ce qui concerne les libertés démocratiques, c’est surtout grâce à un système électoral assurant un plus grand pluralisme, grâce à la proportionnelle, que l’Allemagne ne se retrouve pas à la place de la France. Pour le reste, l’Allemagne est soumise à un terrible drill idéologique, à une obligation permanente d’auto flagellation, à un maelström de repentance, relayés par les medias, les autorités morales et politiques et par leurs instruments.

 

Il est ainsi tout à fait frappant que l’hymne national allemand soit amputé de ses deux premières strophes. L’hymne débute par ces paroles écrites par le poète von Fallersleben en 1841 :« Deutschland, Deutschland über alles » (Allemagne, avant tout, avant toute chose au monde), ces paroles ne faisant nullement référence à un gigantesque empire d’une domination allemande universelle mais à l’attachement des Allemands à leur Patrie. De plus, si ce chant fut entonné sous Hitler comme sous Guillaume II, il n’était pas l’hymne officiel du IIIème Reich qui lui préférait le Horst Wessel Lied, l’hymne  du Parti. Et pourtant, au lendemain de la guerre, les deux premières strophes disparurent. La deuxième glorifie, il est vrai « les femmes et la foi allemande, le vin et le chant des Allemands », paroles hautement subversives. Non pas qu’il soit interdit de les chanter… Mais l’autocensure a fait qu’il n’est convenable de ne chanter que la suite, « Unité et Droit et Liberté sont les gages du bonheur ». Ceux qui s’autorisent à braver cet interdit non formulé ouvertement, tel le NPD, parti ultra nationaliste, se voient derechef accusés d’être des néo-nazis.

 

Malheur à ceux qui transgressent les bornes admises du langage. L’ex député CDU (le parti de la chancelière Merckel) de Saxe, Henry Nitzsche, en sait quelque chose. Pour avoir osé dire à la tribune du Parlement « Je me bats pour Dieu et la Patrie », il fut illico expulsé de son parti. Cette référence à Dieu et à la Patrie résonnait, paraît-il fâcheusement, aux oreilles délicates de certains et évoquait « les heures les plus sombres » de l’Histoire. Ne cherchons pas à comprendre… Henry Nitzsche a depuis créé un mouvement en Saxe et obtenu 12 mandats municipaux et 20% des suffrages lors des dernières élections au Parlement. Son nom : « Travail, Famille, Patrie ». Cela n’a pas dû améliorer son cas…

 

Le député CDU René Stadtkewitz vient, quant à lui, d’être mis à la porte de son parti pour avoir reçu Gert Wilders à Berlin dont il est maire d’arrondissement. Trop islamophobe. Mais peut-être son pèlerinage à Jérusalem avec la délégation européenne lui vaudra-t-il un Grand Pardon, d’autant qu’il vient d’expulser du petit parti qu’il vient de créer (die Freiheit) un adhérent dont il a découvert qu’il avait été présent sur une liste du NPD en …1985.

 

Le climat général en Allemagne est assez stupéfiant. Ayant participé à plusieurs réunions et manifestations à l’invitation du mouvement « Pro-Köln », contre la construction d’une gigantesque mosquée à Cologne, j’ai pu mesurer l’intense pression que les résistants allemands subissent et qui les amène à des concessions de langage ou de comportements que nous n’accepterions jamais en France. Tous (sauf le NPD qui n’hésite pas à aller loin dans ses propos et dans son imaginaire) craignent comme la peste d’être qualifiés de « nazis », et insistent sur la dimension « démocratique » de leur combat, expulsant sans ménagement de leurs rassemblements ceux qui auraient une apparence vestimentaire par trop marquée. Cela n’empêche au demeurant nullement les adversaires de pratiquer une violence physique et orale incroyable. Lors d’une manifestation qui avait eu lieu, il y a deux ans, à Cologne, en présence de Filip Dewinter, Mario Borghezio de la Lega Nord, Harald Vilimsky, secrétaire général du Fpöe, et où je représentais la Nouvelle Droite Populaire, nous dûmes faire face à un véritable déchaînement venant d’une extrême gauche militarisée, entraînée, très nombreuse qui attaqua le bateau où devait se tenir la conférence de presse, brisant les verrières et forçant le capitaine à larguer les amarres. Nous dérivâmes ainsi plusieurs heures sur le Rhin, survolés par un hélicoptère, encadrés par deux vedettes de la police et un bateau pompier, avant de pouvoir accoster. Le lendemain, il nous fut impossible de rejoindre la place centrale de Cologne, à proximité de la gare, où la manifestation devait avoir lieu. Un train protégé par la police devait nous amener à destination. La ligne avait été sabotée durant la nuit et, de plus, la police nous informa qu’elle était dans l’incapacité d’assurer notre sécurité : une police pourtant massivement présente. Près de 10.000 policiers mobilisés !

 

Le rôle trouble de la police allemande : infiltrations, provocations.

 

La police allemande a, lors des manifestations de la Résistance, un comportement parfois étrange. Face à des groupes ultra violents d’extrême gauche, elle se montre souvent laxiste, laissant approcher les gauchistes au contact des patriotes, ce qui ne manque pas de susciter des heurts. Par ailleurs l’on est étonné de l’apparence de certains policiers : cheveux longs, boucles d’oreilles… Trois militants alsaciens furent, à peine arrivés sur le lieu d’une manifestation, mis en état d’arrestation. Motif : l’un portait un des gants renforcés (autorisés en France, interdits en Allemagne), l’autre des chaussures renforcées (idem), le troisième une croix celtique (interdite en Allemagne). Si la police se montre parfois très partisane, cela tient au fait que les patrons des forces de police, tant au niveau de la commune que du Land (la Région), sont nommés par le pouvoir politique. C’est ainsi que le chef de la police de Cologne avait déclaré la veille de la manifestation qu’il n’y avait « pas de place pour les idées brunes et nauséabondes dans sa ville ». Inutile dans ces conditions de s’étonner de l’inefficacité de la police à nous protéger.

 

La police politique, une réalité allemande.

 

Le mouvement nationaliste et identitaire allemand a beaucoup de difficultés à surmonter ses divisions. Quand un mouvement et une dynamique émergent, quelques mois suffisent pour que les divisions s’installent. Pourquoi cette fatalité allemande ? Il existe en Allemagne le « Verfassungsschutz », littéralement « le service de la protection de la Constitution » qui est une police politique chargée d’infiltrer, de surveiller et de manipuler les groupes perçus comme déviants par rapport à la norme du politiquement correct. Il va sans dire que ce sont les groupes d’ « extrême droite » qui en sont les cibles prioritaires. Une de leur méthode privilégiée est de semer la perturbation, la division, la zizanie  au sein de la structure ciblée. Leurs agents sont très difficiles à identifier. Ce sont souvent les plus radicaux, des purs et durs, apparaissant comme des idéalistes dévoués à la cause. Extrêmement bien formés à la manipulation et à la psychologie, ils se comportent comme des poissons dans l’eau. Leur objectif : détruire par autodestruction la cible. Le lecteur peut imaginer qu’il s’agit là d’un de ces délires complotistes et paranoïaques dont le milieu nationaliste est friand. L’exemple de la manipulation dont le NPD a failli être victime il y a une quinzaine d’années devrait l’amener à réfléchir.

 

Le NPD se retrouva sous le coup d’une procédure de dissolution initiée à la demande des autorités. Les accusations ? Le NPD était néo-nazi, raciste, violent, dangereux et représentait une menace pour la République fédérale. Les tribunaux étaient sur le point de prononcer la dissolution du mouvement lorsque l’enquête prouva qu’une proportion importante des dirigeants du NPD étaient… des policiers infiltrés et que celui qui proposait les actions les plus violentes était lui-même un policier. Du coup, la procédure de dissolution fut annulée. Quelques années auparavant, un livre avait paru, accusant même Adolf von Thadden, fondateur du NPD, qui avait remporté des succès importants dans les années 1970, d’avoir été un agent du MI6, les services de renseignement anglais. Adolf von Thadden était décédé depuis quelques années et ne pouvait plus répondre à ces accusations destinées d’évidence à semer le trouble dans le camp national.

 

Comment se protéger des accusations d’être des néo-nazis ? Facile, il suffit de se dire pro israélien.

 

C’est du moins le raisonnement pas forcément pertinent ni efficace qui tente certains. Il est vrai qu’en Allemagne, critiquer Israël, si peu que ce soit, est le signe évident d’un antisémitisme rabique… Le matraquage mental et le racket que subit l’Allemagne, sommée de payer encore et encore à Israël, a cependant fini par agacer quelque peu les Allemands qui, dans un récent sondage, se révèlent être les plus hostiles à Israël parmi les citoyens des pays européens.

 

Il n’empêche. On découvre avec stupeur dans les manifestations anti-mosquées organisées par l’extrême droite « démocratique » allemande des exaltés brandissant le drapeau israélien et des pancartes où ils se définissent comme « Chrétiens avec Israël ».

 

L’idée d’un pèlerinage de l’extrême droite européenne en Israël : son origine

 

Ce projet a été formulé il y a un an environ par un curieux personnage, Patrick Brinkmann, qui fait partie de la délégation qui vient de se rendre en Israël. Ce milliardaire germano-suédois, âgé de 45 ans, qui dispose d’une fortune importante réalisée après la vente de mines d’or dont il était propriétaire en Amérique du sud, s’est mis en tête de jouer un rôle dans l’extrême droite européenne. Après avoir contacté sans succès dans un premier temps les groupes les plus radicaux et même envisagé de prendre la présidence du NPD, il s’orienta vers des objectifs plus raisonnables et établit des relations suivies avec des mouvements tels la Pro Bewegung allemande, le Vlaams Belang, le Fpöe, etc…, en soutenant financièrement de façon relativement modeste diverses revues ou initiatives tout en laissant l’imagination de ses interlocuteurs divaguer dans les millions voire les milliards. Sa conviction était qu’il fallait éradiquer tout soupçon d’antisémitisme dans le camp national et que, pour ce faire, un pèlerinage en Israël s’imposait. Ayant quelques ambitions aux élections communales de Berlin, il commença à mettre ses analyses en application, expliquant que s’il se rendait à Yad Vashem, c’était non pour faire du tourisme, mais pour pleurer. Personne n’imaginait que ce pèlerinage puisse avoir lieu. Et  pourtant…

 

Les raisons qui ont guidé la décision des Allemands, des Flamands et des Autrichiens

 

Dans le cas des Allemands, il y a d’évidence une recherche de respectabilité et le souhait d’être enfin reconnus comme de vrais « démocrates » et non comme des extrémistes, fruits d’une lourde Histoire. Un véritable cordon sanitaire isole tous ceux qui ne se situent pas strictement dans la ligne du politiquement correct. On l’a encore constaté récemment avec l’affaire Tilo Sarrazin, personnalité éminente, membre du SPD et qui fut voué aux gémonies pour avoir écrit que l’intégration des Turcs ne fonctionnait pas et que l’Allemagne courait à la catastrophe. Même des mouvements patriotiques allemands, tels les Republikaner et la Pro-Bewegung, qui fusionneront en mars prochain pour fonder un nouveau rassemblement et qui ne furent pas invités à être du voyage, ont exprimé leur soutien à cette initiative. Gageons qu’il est très improbable que cette stratégie de soumission puisse réussir. Leurs adversaires et les médias ne manqueront pas de rappeler que l’extrême droite européenne a en fait rencontré en Israël l’extrême droite raciste israélienne. Quant aux électeurs allemands, dont nous avons relevé la faible sympathie pour Israël, il est peu probable qu’ils gardent, au moment de voter, un souvenir ébloui de cette initiative.

 

Le Vlaams Belang, quant à lui, est actuellement dans une phase difficile. Après trente ans de progression constante, la chute aux dernières élections du Parlement flamand a été sérieuse, perdant plus du tiers de ses électeurs. 21 sièges au lieu de 32, 2 députés européens au lieu de 3. Cela entraîne bien sûr les sempiternelles frustrations, reproches et tensions qui suivent les échecs électoraux. En l’occurrence, Filip Dewinter ne porte aucune responsabilité dans cet échec. La faute en incombe à l’émergence d’un nouveau mouvement indépendantiste, le NVA dont le leader, Bart  de Wever  est très populaire et médiatique et aussi à un certain épuisement de l’électorat, las d’attendre la victoire. Philippe Dewinter peut-il obtenir grâce à ce voyage la complaisance des medias flamands qui sont très hostiles au Vlaams Belang ? Il est sérieusement permis d’en douter.

 

Le seul à pouvoir retirer, avec un cynisme total, un vrai avantage à avoir entrepris ce pèlerinage, est Heinz-Christian Strache, le leader du Fpöe. L’ancien parti de Haider connaît une progression fulgurante. Un récent sondage place Strache en tête des souhaits des Autrichiens pour le poste de Chancelier. Il peut réussir là où Haider avait échoué en 2000 devant la pression internationale, et notamment celle d’Israël. Alors que les élections l’avaient placé en situation d’obtenir cette fonction, le hourvari général l’en avait empêché. Il n’est pas certain cependant que les Américains et les Israéliens oublient la sympathie manifestée à la Russie par H-C Strache lors d’une rencontre, le 15 juin 2010, avec des dirigeants russes. Strache déclarait : « Les Etats-Unis cherchent à abuser des Etats en tant qu’instrument de leur politique afin de provoquer une guerre froide. Nous ne devons pas devenir les satellites de Washington ».

 

Conclusion.

 

Quel intérêt les Européens ont-ils à se mêler des affaires du Proche-Orient ? Les Palestiniens, les Iraniens et même les Talibans ne portent aucune responsabilité dans l’invasion que subissent la France et l’Europe. Il est permis de ne pas être d’accord avec Filip Dewinter quand celui-ci déclare : « Vu qu’Israël est le poste avancé de l’Ouest libre, nous devons unir nos forces et combattre ensemble l’islamisme ici (en Israël) et chez nous (en Europe) ». C’est ici, sur notre terre d’Europe que nous devons mener la nécessaire Reconquista, pas en Israël,  en rassemblant toutes les forces de la Résistance nationale et européenne ! Nos soldats n’ont pas vocation à mourir, ni pour Washington, ni pour Tel Aviv.

 

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